Patrimoines textiles de par le monde

en Champagne-Ardenne et ailleurs

Actes du colloque international de l'APIC organisé à Sedan-Mouzon, en 2007 par le CREPI et l'APIC

Sous l'égide de la section thématique textile de TICCIH

Sous la direction de Gracia Dorel-Ferré

Cahier de I'APIC N°9
ISBN : 978-2-86633-522-9
Reference: 51000B73
Prix : 23 €

SCEREN/CRDP de Champagne-Ardenne, juillet 2013

   

Table des matières

1- Le patrimoine industriel textile à vol d’oiseau

2 - Grands sites du patrimoine textile dans le monde

3 - Grands sites du patrimoine français

Bibliographie

 

Les troisièmes rencontres de la section «textile»de TICCIH à Sedan-Mouzon

Gracia DOREL-FERRÉ, présidente de l'APIC, secrétaire de la section

Les actes qui composent le neuvième cahier de l'APIC comprennent la presque totalité des com­munications qui ont été présentées aux troisièmes rencontres de la section textile de TICCIH, à Sedan et à Mouzon, les 31 mai, 1 et 2 juin 2007. Celles-ci avaient bénéficié d'une organisation originale, due â la fois à l'association locale de défense du patrimoine industriel, le CREPI, que présidait Bruno Lassaux et dans laquelle Alain Renard a joué un rôle essentiel, ainsi qu'à plusieurs établissements scolaires (Le Lac à Sedan, Victor Sécheret à Raucourt), qui n'ont pas hésité à se mobiliser pour accueillir les participants du colloque et les recevoir de façon somptueuse. Des professeurs d'anglais se sont portés volontaires pour faire les traductions simultanées. Une partie du colloque, enfin, s'est tenue au château de Sedan, dans le cadre de la magnifique hôtellerie qui a été aménagée dans une des cours de la forteresse.
Ces conditions de travail exceptionnelles, l'organi­sation impeccable due au CREPI, les moments de convivialité nombreux et de qualité, enfin, l'implica­tion de tous les participants font de cette troisième édition un temps fort de notre histoire commune.

Du Japon au Mexique, en passant par l'Europe
Après une introduction générale assurée par Mark Watson, qui a repris, en les enrichissant notablement, ses propos exposés lors de la première ren­contre de la section textile, trois grands thèmes regroupaient les communications qui ont été pro­posées par les représentants d'une dizaine de pays différents. En premier lieu, « Le patrimoine textile à vol d'oiseau », pour deux communications cou­vrant un pays dans son entier (Keith Falconer pour l'Angleterre, Gracia Dorel-Ferré pour la France). Ensuite, « Les grands monuments du patrimoine textile, leur étude et leur mise en valeur », pour des communications portant sur une ville ou un édifice majeur : ce fut le cas de Lodz (Bartosz Walczak), Schio (Giovanni-Luigi Fontana), mais aussi de la Constancia Mexicana de Puebla ou encore de Rio Blanco (Raul Salinas), de la réhabilitation en cours de la Colonia Sede) près de Barcelone (Susana Moya), de la magnifique manufacture de soie de Tomioka présentée par toute une délégation japonaise, le maire en tête. En troisième partie, ont été évoquées « L'histoire et la technique du patri­moine textile », àtravers des exemples tels que les protofabriques dans les pays allemands (Michael Mende), Mulhouse et son arrière-pays (Pierre Fluck), la Galicière (Guy Scherrer), les premières filatures de coton du Danemark (Eva Toemme­sen), les petites filatures de laine en Europe méridionale (Marie-Thérèse Chaupin), la Sarlino à Reims (Nicole Fiérobe), le travail des enfants au Danemark (Jeppe Toensberg), les débuts de l'industrie cotonnière dans le Nord de la France (Mohamed Kasdi).
Enfin, ajoutons que les professeurs Gayot et Chas­sagne ont très scrupuleusement joué leur rôle de président de séance, et qu'à la surprise générale, la première journée a compté avec la présence imprévue, mais bienvenue, de Louis Bergeron.

De la défense et illustration du patrimoine textile
Toute une partie de notre travail relève de l'identi­fication et de l'étude des sites. A ce titre, les « dé­couvertes » présentées par Guy Scherrer, Pierre Fluck ou Marie-Thérèse Chaupin sont dignes de la plus grande attention. Certaines réalisations, telles celles de Schio, sont des modèles d'intervention, lorsque les collectivités territoriales savent s'entourer d'historiens renommés qui sont aussi des gestionnaires de talent. Le cas de Tomioka, dont le destin est pris en main, lui aussi, par la collectivité territoriale, est remarquable: le maire, accompa­gné d'une délégation, s'est donné les moyens de connaître ce qui avait été fait en France en matière de conservation, de mise en valeur et de réutilisa­tions.
Mais il n'est pas suffisant de bien connaître les sites, ont dit les participants, il faut aussi être at­tentif à leur devenir, et les visites que nous avons faites sur place à Sedan, à Mouzon et à Pont-Mau­gis, ont pu nous en convaincre. Avec le plan direc­teur de la Colonia Sedo, on pouvait espérer que la réhabilitation programmée du site ne concer­nerait pas seulement les logements, mais tout l'ensemble de cette colonie industrielle, la plus importante d'Espagne. Hélas, les mesures prises, depuis, ont largement contredit les conclusions d'alors. D'autres exemples présentés ont suscité parfois l'inquiétude, parfois même les craintes les plus vives. Ainsi, à Lodi, il semble bien que le paysage urbain unique, fait d'une imbrication d'usines, de palais patronaux et de cités ouvrières soit menacé par des projets immobiliers qui vise­raient à édifier des tours d'habitation en situation d'incohérence complète par rapport au tissu existant. Au Mexique, la Constancia, dont la date précoce de 1837 situe les débuts de l'industriali­sation mexicaine, a fait aujourd'hui l'objet d'une fouille archéologique scrupuleuse et d'une mise en valeur remarquable. Par contre, Rio Blanco, qui a sans doute été l'une des plus grandes usines du monde, comparable seulement à Amoskeag, en Nouvelle-Angleterre, semble ne pas sortir du pro­cessus d'abandon et de ruine qui affecte déjà cet édifice exceptionnel.

L'élargissement de notre champ d'action
Dès le premier jour, Eusebi Casanelles, depuis pré­sident honoraire, a donné le cadre général de la réflexion qu'il souhaitait voir s'établir à la suite des exposés : s'il est vrai que notre rôle de consultant pour l'UNESCO nous a conduits, jusqu'à présent, à fournir des listes de sites et à donner notre ex­pertise sur les sites proposés par les pays, nous ne devons pas nous enfermer dans cette tâche. Nous devons, ne serait-ce que pour proposer des listes en toute connaissance de cause, diversifier nos critères en introduisant le paramètre historique, la dimension sociale, l'apport documentaire (archéo­logique et archivistique), les savoir-faire : la seule approche monumentale ne saurait suffire.
Nous savons en outre que l'UNESCO évolue d'une liste de sites vers une liste de paysages et ensembles significatifs. Il nous faut donc élargir notre champ de recherches sans exclusive, et sur­tout, contextualiser les objets de notre recherche. Cette orientation, que nous suivons intuitivement depuis longtemps, pour certains d'entre nous, doit devenir une démarche plus générale.
Enfin, il nous faut multiplier les références si nous voulons comparer, étape essentielle de toute construction notionnelle. Pour cela, Eusebi Casa­nelles avait proposé que chacun d'entre nous fournisse une brève histoire textile de son pays, et autant de « fiches d'identité » de sites ou de groupes de sites, à mettre sur la page web réno­vée de TICCI H. Cela reste encore à faire.