L'empreinte de la civilisation celtique sur notre territoir fut signalée pour la première fois par Emile Schmit qui, vers le milieu du XIXe siècle, mit à jour une nécropole gauloise à mi-pente du Mont-Saint-Michel, non loin de l'actuelle rue Oemichen, dans un terrain qui était alors planté de vignes.
La ville fut fondée sur la Marne par les Romains. Ils l'appelèrent "Catalaunum", du nom de la tribu gauloise locale, les "Catuvellauni" ou "Catalauni", "Ceux qui sont braves au combat". Au cours des siècles, le nom évolua et, de "Durocatelauni, apud Catalaunos (IVe s.) devint Chaalons-en-Champagne et, enfin, Châlons-sur-Marne.

LA MARNE, UNE RIVIERE AU LIT CHANGEANT

Depuis les temps géologiques, dans la zone basse du quartier Rivegauche, situé entre le Pont-de-Marne et l'avenue de Paris, la Marne serpentait dans des terres marécageuses. Au gré des inondations, elle changeait de lit, créant des bras morts. La Coole coulait, jusqu'au Mlle siècle, au pied des falaises du Mont-Saint-Michel et se jetait dans la Marne à Saint-Gibrien. Aujourd'hui leur confluent se situe en amont, sur le territoire de la commune de Compertrix. La présence de la Coole en cet endroit peut nous étonner mais, il faut savoir qu'elle était le prolongement de la Blaise qui prend sa source en Haute-Marne (et non celle qui naît à Moncetz-Longevas). Cet ancien lit de la Coole est d'ailleurs toujours visible en contre-bas de la rue Marcel Pinotie à Fagnières. Un ruisseau, bien que souvent à sec, y coule encore.
Ces terres riches, mais fréquemment inondées, ne permettait pas des récoltes régulières. Sur ces espaces marécageux, entre les bras morts, s'élevait la "Maison du Colombier", avec jardins et vivier, appartenant, de 1216 à 1656, aux Chevaliers de la Porte-Marne. Aux XVe et XVIe siècles, on y isola les pestiférés de la ville.
Au pied du Mont-Saint-Michel, aux environs de la rue Basse de Compertrix, se dressaient les fourches patibulaires de la Justice du Comte Evêque de Châlons. Elles disparurent en 1589, pour être remplacées, jusqu'à la Révolution, par une potence élevée sur la place du "Marché au blé" (actuelle place de la République).

ROUILLÉ D'ORFEUIL TRACE DE NOUVELLES VOIES D'ACCES PAR L'OUEST

Depuis toujours, le tracé des chemins de communication a tenu compte de la topographie. Les marais qui recouvraient les terres, à l'ouest de Châlons, n'offraient que peu de possibilités et, lorsque le voyageur venait de Troyes, il devait emprunter la "voie Agrippa" qui franchissait la Marne au pont Ruppé, au pied du Mont-Saint-Michel. Vers le Xllle siècle, Fagnières était relié à Chaalons-en-Champagne par le chemin-des-Ajaux qui aboutissait au bord du cours principal de la Marne, en face de la Porte Revel (Boulevard Léon Blum). Une partie de ce chemin existe encore aujourd'hui à Fagnières.
Durant le XVllle siècle, le royaume de France allait se doter d'un nouveau réseau routier pour des motifs stratégiques et pour permettre la libre circulation des céréales d'une province à l'autre. C'est à cette époque que l'on traça les routes allant de Châlons à Epernay et de Châlons à Montmirail.
Le dernier intendant de Champagne, Rouillé d'Orfeuil, voulut donner à Chaalons-en-Champagne, le visage d'une véritable capital d'intendance. La ville était capitale administrative depuis Henri IV, mais son aspect architectural lui était défavorable faute de grands hôtels privés ou de belles demeures comme il s'en trouvait dans les autres capitales d'intendance.
A la suite de l'effondrement du pont de Marne, Rouillé d'Orfeuil décida de grands travaux et fit creuser le nouveau lit de la Marne. Les travaux durèrent de 1775 à 1785. Les déblais servirent à la construction de la rue du faubourg de Marne (rue Jean Jaurès). Les ouvriers logèrent dans des guinguettes construites sur le site actuel de la gare, très fréquentées par les bourgeois et les notables châlonnais. L'architecte Colluel redessina la perspective de la rue de Marne dans l'axe du nouvel Hôtel-de-Ville construit entre 1772 et 1776 et une rue rectiligne fut percée jusqu'à la falaise de craie du Mont-Saint-Michel.
Le 18 juin 1787, deux des sept arches du pont Ruppé établi avant le Xlle siècle, s'effondrèrent. Rouillé d'Orfeuil décida alors sa destruction et le comblement de ce bras mort de la Marne avec la craie du MontSaint-Michel. On requit pour cela une quinzaine de voitures et une centaine d'hommes choisis dans l'atelier du canal. Mais, à l'instant d'entreprendre l'ouvrage, les voituriers et laboureurs du faubourg de Marne refusèrent de travailler si on ne leur donnait pas 5 livres par cheval. On ne sait s'ils obtinrent satisfaction mais le passage fut rebouché. A la mi-novembre, par suite des intempéries, il fut, à nouveau, impraticable...