LA PREMIÈRE AUBERGE "A LA VILLE DE PARIS" APPARAÎT A LA RÉVOLUTION

Le 4 août 1789, le sieur Nicaise Armand et Dame Caillet Anne-Cyre, achetèrent aux hôpitaux de Châlons, au lieu-dit "La Petite Saussaie" (angle de la rue Jean-Jaurès et de l'avenue de Paris, à l'emplacement de la boulangerie actuelle) une terre de 35 ares 4 centiares. C'est dans les procès-verbaux de "1 Affaire Jacquesol" du 1 el mai 1790 qu'il est fait mention, pour la première fois, de l'auberge "A la Ville de Paris" et on lit dans les comptes-rendus d'interrogatoire que "Le postillon avait mangé avec plusieurs particuliers... 11 demanda que 1 aubergiste le conduisit dans la chambre..."
On entrait dans l'auberge par deux portes cochères, l'une donnant sur la rue du faubourg de Marne, l'autre sur la grande route de Paris. Le corps de logis s'élevait à l'angle des deux rues. Au rez-de-chaussée se trouvaient la cuisine, une salle à manger pour les voyageurs, quatre chambres, le fournil avec deux caves et deux celliers; au premier étage, six chambres desservies par un corridor et, au-dessus, deux greniers, de l'autre côté de la grande cour, une remise, cinq écuries, une étable, une grange, un hangar et, derrière le tout, une place pour les voitures.
L'auberge étant située sur l'axe Paris-Strasbourg, par Montmirail ou Epernay, contournant Châlons, cette position géographique allait lui assurer un grand essor. Elle était fréquentée par le roulage, ce qui attira aux alentours bon nombre d'artisans et d'ouvriers exerçant des professions dont les rouliers avaient un constant besoin : bourreliers, selliers, charrons, maréchaux-ferrants, menuisiers, cordonniers, etc...

Louis XVI passa devant l'auberge le 21 juin 1791 vers 16 heures sans s'y arrêter et ne changea ses chevaux qu'au relais de Châlons.
Dans les moments troublés de la Révolution, tous les clients y furent suspectés. L'affaire Jacquesol le démontre.
Deux citoyens voient, le jour du 1e, mai, vers dix-sept heures cinquante, arriver dans la cour de l'auberge, un cavalier dont le cheval blanc est couvert de sueur et même - paraît-il - de sang sur diverses parties du corps. L'homme, à peine descendu de sa monture, tend, à un autre cavalier, un paquet qui parait renfermer plusieurs papiers. Les témoins entendent les deux hommes discuter. Jacquesol, le deuxième cavalier, dit qu'il espérait être à St Dizier vers vingt heures. Pensant avoir affaire à des espions, les témoins préviennent le maire qui envoie aussitôt l'aide-major Lantier, de la Garde Nationale. Lors de l'interrogatoire du premier cavalier, il s'avéra qu'on était en présence d'une tentative d'escroquerie à la Loterie Royale. Jacquesol fut arrêté à Nancy où il se faisait passer pour un anglais du nom de "Jacson". Ces deux cavaliers avaient couvert la distance Paris-Strasbourg en moins de vingt-quatre heures et avaient disposé, sur ce parcours, de chevaux frais dans un grand nombre de relais.