Découverte et exploitation pédagogique du patrimoine industriel, en LP

 (Classe de Jean-Marie Duquénois, Lycée Oehmichen, Châlons en Champagne) 

 

 

 Présentation des classes (année scolaire 2001 – 2002) :

 Il y a trois classes de 1ière Bac Pro au lycée Oehmichen de Châlons en Champagne :

  1. 14 élèves en MSMA (Maintenance des Systèmes Mécaniques Automatisés)

  2. 14 élèves en Productique

  3. 13 élèves en MVI (Maintenance Véhicules Industriels)

L’ensemble des élèves participe au projet mais pas tous de la même façon. En effet les MSMA et les Productiques sont regroupés en une classe pour l’enseignement général (Français, Histoire-Géographie, Langue, Arts Appliqués …). Les MVI forment un groupe classe traditionnel, ils ont des professeurs d’enseignement général différents de ceux de l’autre classe.

Il y a donc deux groupes distincts qui n’ont pas l’habitude de travailler ensemble.

 

Les élèves ont un BEP et suivent une formation pour obtenir le Baccalauréat Professionnel en 2 ans (1ière et Terminale).

 

Il faut noter également qu’en lycée professionnel il y a une bivalence entre les Lettres et l’Histoire géographie (ou entre les Lettres et les langues) : pour les trois classes concernées le professeur de Lettres assure l’Histoire géographie, l’ECJS et participe au PPCP.

 

 

L’objectif :

 

Réaliser un débat autour de l’enjeu des réhabilitations du patrimoine industriel local.

Comprendre l’évolution des bâtiments et du travail des hommes.

 

Cet objectif permet d’envisager le travail pluridisciplinaire. Les matières concernées sont les Lettres, l’Histoire–géographie, l’ECJS, les Arts appliqués.

 

Le thème est envisagé dans le cadre du programme d’histoire géographie de 1ière.

 

BO spécial n°11 du 15/06/1995 (extraits) et commentaires.

Sujet d’étude :

« 1. L'évolution du travail et ses conséquences dans le monde industriel depuis le milieu du XIX siècle

1.2. Les conséquences de cette évolution sur :

-          l'organisation du travail, dans l'entreprise et dans la société

-          la redistribution du travail dans le monde.

Commentaires
On inscrit ce thème dans un cadre chronologique périodisé. Il convient de souligner les interactions entre les différents facteurs qui expliquent :

- l'évolution des formes de la division et de l'organisation du travail. y compris dans sa dimension spatiale

- la transformation des métiers, des catégories professionnelles, la naissance et l'évolution du syndicalisme.

L'évolution des techniques et ses conséquences seront étudiées à partir d'exemples pris dans les pays précocement industrialisés et qui permettent de comprendre qu'il s'agit d'un processus continu parti de l'Europe.

 

NOTIONS : Système technique ; Organisation du travail ; Division internationale du travail ; Filière ; Rapport capital/travail ; Productivité ; Recherche ; Valeur ajoutée ; Industrialisation ; Mécanisation ; Automatisation ; Tertiarisation ; Fordisme ; Taylorisme ; Mondialisation. »

 

2. L'évolution des moyens de transport et d'information depuis le moitié du XIX siècle

2. 1. Mise en place et développement des réseaux d'échangés

2.2. Les conséquences sur le monde industriel et agricole.

Commentaire
On part d'un exemple national choisi dans le monde industriel.
On montre comment cette évolution :
- diminue les distances et les couts
- permet les désenclavements
- étend progressivement les marchés à l'échelle du monde.

NOTIONS : Communication ; Distance/temps ; Distance/coût ; Réseau ; Pôle ; Flux ; Mondialisation ; Médiatisation.

 

 

On retrouve également le thème du patrimoine industriel au programme d’ECJS qui commence en 1ière bac pro en septembre 2001. (B.O. N°2 du 30 août 2001 HORS-SÉRIE). En effet la conservation du patrimoine est un enjeu citoyen, et notre projet veut aussi aborder avec les élèves la question de la participation à la démocratie locale.

 

 

Réalisation :

 

Ø      Etape 1 :

 

Etude comparative d’un plan de Châlons au début du XIXième siècle et d’un plan actuel. Les élèves constatent l’extension urbaine et la naissance des quartiers périphériques.

Analyse du lien entre ce développement et les bouleversements liés aux transports et en particulier le train.

 

Recherche au CDI : construction d’une chronologie des découvertes liées aux transports, avec en plus les implications locales (construction de la gare …)

 

Grâce aux connaissances des élèves (en particulier l’existence des immeubles récents), il est possible de replacer le développement des quartiers dans une ébauche de chronologie : les élèves remarquent ainsi que le développement de la ville de Châlons se fait sur les principaux axes routiers et autour de la gare.

La situation même du lycée est une étape de la croissance urbaine : le parcours quotidien en bus du centre au lycée Oehmichen est un bon exemple : la place Monseigneur Tissier au cœur de la ville médiévale, puis la rue Léon Bourgeois et enfin la longue avenue Sarrail où les bâtiments marquent l’évolution des besoins de la ville de la fin du XVIIIième siècle à nos jours.

 

Ø      Etape 2 :

 

En groupe : parcours urbain dans deux quartiers ciblés précédemment. Les élèves ont un appareil photo numérique qui permet un grand nombre de vues.

Nous remontons le Faubourg Saint Antoine pour ensuite aller vers le quartier « rive gauche » autour de la gare.

 

Les élèves observent les bâtiments (industriels et habitations) et dégagent des « familles ». Nous choisissons de répondre aux questions mais nous suscitons le moins possible les arrêts.

La consigne est d’observer les bâtiments en identifiant la fonction (évolution ?) et si possible en repérant la date de la construction, c’est dans cette partie que les questions sont les plus nombreuses.

 

Liste non exhaustive des éléments repérés par les élèves en relation avec le projet :

 

o       Faubourg saint Antoine :

 

-         Une usine désaffectée avec des bâtiments en brique-pierre et des bâtiments en béton.

-         En face une très grosse maison d’habitation en brique et en pierre avec un jardin, des décorations… aujourd’hui occupé par une entreprise du secteur tertiaire.

-         Une série de maisons de taille moyenne en brique et pierre. Les élèves remarquent l’alternance et les décors formés par des lignes de pierres dans les murs de brique, ou par les encadrements de porte et fenêtre.

-         Les anciens abattoirs transformés en bureau de la DRAC. (visite de la cour)

 

o       « Rive gauche »

 

-         La gare

-         La friche industrielle « la comète » avec une partie réhabilitée.

-         Les deux maisons de champagne

 

 

Bilan en classe du parcours et sélection des photos permettant de comprendre les bâtiments vus.

 

Ø      Etape 3 :

 

Voyage au musée du textile et de la vie sociale de Fourmies (59).

L’écomusée de Fourmies présente un double intérêt pour notre projet :

-         C’est une réhabilitation d’un site industriel.

-         On peut y voir des machines fonctionner.

 

Nous avons choisi une visite en 2 parties.

 

o       Découverte de la ville

Avec un guide nous constatons ensemble comment est née l’activité textile dans cette petite ville du nord de la France. Nous pouvons observer l’architecture particulière liée aux usines du 19ième siècle. Le parcours urbain permet de situer les activités humaines mais aussi de se poser la question de l’habitat ouvrier, patronal et des cadres.

Sur la place de l’église nous évoquons le 1er mai 1891 et la violence sociale.

 

Cette phase est importante, elle permet de comparer avec ce qui a été constaté à Châlons : différence d’architecture mais aussi d’activités et de volume d’activités. Châlons n’est pas comme Fourmies un gros centre industriel à la fin du 19ième siècle.

 

De retour à l’écomusée, nous avons choisi de faire participer les élèves à une activité proposée par l’équipe pédagogique. Il s’agit d’approfondir l’aspect social en confrontant les élèves aux archives.

« Vivre au temps du 1er mai » : cette activité est adaptable à des élèves plus jeunes. C’est surtout une question de temps de travail.

En binôme, les élèves reçoivent une pochette comprenant un livret ouvrier, un registre de recensement de Fourmies en 1891, un objet lié au travail dans les filatures et deux tableaux concernant la progression des prix des produits alimentaires, des logements et des salaires de 1850 à la fin du 19ième siècle.

Les élèves font une enquête sur 1 membre d’1 famille.

 

o       L’écomusée

La découverte des machines est une véritable surprise pour les élèves : ils sont très curieux du fonctionnement, des innovations, des méthodes et des conditions de travail.

Le parc des machines de Fourmies permet de comprendre en détail l’aspect technique d’une activité fondamentale du Nord de la France : Le textile.

La chaufferie avec la machine à vapeur pose aux élèves la question de l’énergie que nous n’avions pas encore envisagée (sauf le matin, à l’extérieur à propos des moulins à eau).

 

 

De retour en classe : comment transformer cette visite très riche en savoir ?

L’observation directe est fondamentale : elle permet de comprendre mais surtout elle pose énormément de questions.

Activité : les élèves en classe sont divisés en groupes pour construire des dossiers, chaque dossier sera présenté aux autres à l’oral et distribué à l’ensemble des élèves.

La consigne est de considérer Fourmies comme un point de départ mais de répondre aux questions en mondialisant, en généralisant la recherche.

 

§       La vie des ouvriers

Construire un dossier sur l’évolution des conditions de travail de 1850 à nos jours (habitat, alimentation, santé, risques liés au travail, paternalisme…).

§       Les évolutions techniques

Recherche sur les systèmes techniques, la vapeur, le charbon, l’électricité, mais aussi sur les inventions et la recherche.

§       Revendications et syndicalisme

Dossier sur l’histoire de la revendication sociale. Ce dossier est relayé par l’étude d’un groupement de textes extraits de Germinal de Zola.

§       La recherche de l’augmentation de la productivité de 1850 à nos jours. Ce dossier est transversal par rapport aux autres, il devra permettre aux élèves de comprendre l’ensemble des enjeux, de l’industrialisation du 19ième à la mondialisation à la fin du 20ième siècle.

 

Ø      Etape 4 :

 

Voyage au musée d’Orsay (Paris). A Fourmies, les élèves ont découvert pour ensuite approfondir, le travail, cette fois, se fait en classe en amont.

 

o       Etude en Arts appliqués d’un dossier sur la gare d’Orsay : fonction du bâtiment au moment de sa construction et évolution de la friche au musée. Lecture d’images, de photographies, de coupes et de plans.

o       La gare : évolution des moyens de transport de 1850 à nos jours.

o       Les collections : l’art au 19ième siècle, et en particulier les innovations techniques et les évolutions dans les mentalités.

 

Sur place : visite de 3 heures (couplée avec le matin une visite au palais de la découverte par nos collègues de Maths-science : là aussi nous avons présenté le bâtiment et abordé le thème des expositions dans la société moderne de la fin du 19ième siècle)

 

Cette étape, la visite d’un musée, est fondamentale : les élèves et en particulier ceux de lycée professionnel ont une vision très partielle de l’art. La confrontation avec les œuvres est pour eux un choc culturel. Les questions sont nombreuses.

Ø      Etape 5 :

 

En ECJS, nous posons la question de la rénovation des friches industrielles : à ce point du projet nous avons vu avec les élèves les abattoirs de Châlons, la friche de « la comète », l’écomusée de Fourmies et la gare d’Orsay.

Le travail en groupe sur l’évolution du monde industriel à permis de comprendre comment ces bâtiments ont pu se retrouver à un moment de l’histoire dans un état de friche.

 

Nous organisons un débat par classe portant sur la nécessité ou le devoir de conserver ces témoignages du monde du travail.

 

Les élèves doivent chercher des documents afin d’être capable de retrouver des arguments et de présenter l’ensemble du problème.

-         Peut-on laisser les bâtiments et les machines tomber en ruine ?

-         Qui doit s’occuper de préserver ?

Que peut-on faire de ces bâtiments, quelles fonctions peuvent-ils remplir aujourd’hui ?