Jules Rozet
maître de forges et notable en Haute-Marne au XIXe siècle
(1800 - 1871)

UNIVERSITE PARIS I
Panthéon Sorbonne

Philippe Delorme

Thèse pour le Doctorat d’Histoire
 sous la direction de M. Denis Woronoff

juin 2002

            Maître de forge à St-Dizier, dans une grande région de métallurgie traditionnelle affrontée à la “Révolution des forges”, Jules Rozet fait le choix original de la valeur ajoutée en se lançant dans la fabrication du fil de fer (1825), gardant le charbon de bois pour produire et vendre des produits de qualité : fontes de moulage (1843) et accessoires de voie ferrée (1846). Expérimentant les techniques d’économie d’énergie, restant dans le cadre d’une entreprise moyenne et dispersée, s’adaptant à l’environnement hydraulique et forestier, devenant négociant en bois, il parcourt une des voies françaises de la Révolution industrielle.
            Président de la Chambre de Commerce (1848-1871), il se consacre à la défense de la métallurgie haut-marnaise, obtient des voies de communication modernes, dénonce les effets pervers du libre-échange et contribue, parmi d’autres maîtres de forges et négociants, à la survie de la Haute-Marne face à la concurrence des produits étrangers et à la montée en puissance des forges du Centre puis de la Lorraine.

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            Iron master in a great and traditional metallurgic district during the Industrial Revolution, Jules Rozet chose quality using charcoal, manufacturing wire for Champagne’s bottles and Telegraph, (1825), and bearings for railways (1846), competing with british iron in Paris’firms (1848). Managing a firm within his environnment of forests and rivers, using energy-savings, becoming a wood-merchant, this represents one exemple of ways of the the Industrial Revolution in France.
            Chairman of the “Chambre of Commerce of Saint-Dizier”, he works for saving the metallurgy of Haute-Marne, gaining new railway and river transport, proclaiming pernicious results of Free Trade. As others iron-master and merchants, he prepares Haute-Marne to adapt foreign products and efficiency of Heavy Industry of Centre and Lorraine regions.

In extenso

en suivant le sommaire ci-dessous

INTRODUCTION

I / JULES ROZET, UN MAÎTRE DE FORGES ET UN NOTABLE RECONNU EN SON TEMPS PUIS OUBLIÉ
II / JULES ROZET ET SES USINES : DES TRACES FUGITIVES
III / LES RAISONS D’UN OUBLI
            1°) La « routine »
            2°) Un personnage discret
            3°) Une industrie disparue
            4°) Une ville et une industrie excentrées en Haute-Marne.
            5°) Retour en grâce de l’histoire métallurgique autour d’un secteur particulier
IV / NOUVELLES SOURCES ET MODIFICATION D’OPTIQUE
            1°) Des sources nouvelles
            2°) Un regard nouveau sur la Révolution industrielle en France.

 

PREMIÈRE PARTIE : TRADITION ET INNOVATION - 1823-1832

1ER CHAPITRE : LES ORIGINES DE JULES ROZET ET LE MILIEU DES FORGES EN HAUTE-MARNE

I/ LES ORIGINES FAMILIALES ET LA PRÉPARATION DE JULES ROZET AU « NOBLE MÉTIER ».
1°) Une famille de la bourgeoisie de province
2°) Un père un peu effacé
3°) L’oncle Jean-Hubert Rozet (1755-1828), personnage central dans l’histoire de Jules Rozet.

  1. Maître du Fourneau de Dommartin-le-Franc (1773-1793)
  2. Maître de forges au Clos Mortier (St-Dizier)
  3. Banquier et notable (1804 – 1815)
  4. Résider à Paris et préparer sa succession (1816-1828)
  5. La réussite et la fortune de Jean-Hubert Rozet

4°) Homme de loi ou maître de forges ?

  1. Jeunesse et éducation
  2. Formation
  3. Mariage

II/ LA FORGE DU CLOS MORTIER
1°) Une forge haut-marnaise : le Clos Mortier
2°) Une originalité : être aux portes de St-Dizier
3°) Les productions et la clientèle


III/ L’ENVIRONNEMENT : ÉNERGIE ET MATIÈRES PREMIÈRES
            1°) L’eau : abondante et même surabondante.
2°) Le minerai : moyen, sans plus
3°) Le bois : de plus en plus rare et cher
4°) Les réponses au problème de la raréfaction du bois

  1. Les systèmes d’organisation collective face aux propriétaires forestiers et marchands de bois
  2. La constitution d’un patrimoine forestier

IV/ LE MILIEU DES MAÎTRES DE FORGES : SOLIDARITÉ ET ESPRIT DE CORPS ?
1°) Un climat d’entente convenue
2°) Mariages, voisinages et amitiés
CONCLUSION

2ÈME CHAPITRE : COMMENT TIRER PARTI D’UN ATOUT DE MOINS EN MOINS ACCESSIBLE, LE CHARBON DE BOIS

I/ PROPRIÉTAIRE ET EXPLOITANT
1°) La Société Rozet & Deminuid (1823- ?)
2°) Maître de forges exploitant et résident
3°) L’art difficile d’emporter une adjudication

II/ ENTRE TRADITION ET MODERNISATION
1°) Une équation délicate : économiser le combustible et améliorer la qualité
2°) La commercialisation des fers marchands et la menace des fers au coke
3°) L’incident de 1827
4°) L’attachement au charbon de bois

3ÈME CHAPITRE : UNE CRÉATION PARADOXALE - LA TIRERIE DU CLOS MORTIER (1825)

I/ 1825 : CONSERVER L’AFFINAGE AU BOIS POUR DÉVELOPPER LA VALEUR AJOUTÉE
1°) Un choix réfléchi et raisonné
2°) Les motifs du choix de Jules Rozet
II/ LE LANCEMENT DE LA TIRERIE CLOS MORTIER
1°) Une aventure et un défi
2°) La première usine métallurgique de St-Dizier
III/ LES « ÉPREUVES » TECHNIQUES ET FINANCIÈRES
1°) Le recrutement du personnel
2°) La gestion de l’approvisionnement en charbon de bois
3°) Les difficultés techniques : qualité et conditionnement
4°) La clientèle, la concurrence et la commercialisation : attaquer les fils de fer de Comté
5°) Les incertitudes du résultat financier
6°) Le bois et la crise des approvisionnements de 1828-1832
7°) L’évanouissement de l’association Rozet & Deminuid.

CONCLUSION

SECONDE PARTIE : INDUSTRIEL ET NOTABLE - SUCCES, REORIENTATIONS ET INCERTITUDES (1832 – 1847)

1ER CHAPITRE : DE NOUVELLES BASES

A/ DE « ROZET & DEMINUID » À « ROZET ET DE MÉNISSON » (1832)
1°) La disparition de la Société Rozet et Deminuid
2°) Le mariage : une union entre deux forges ?
3°) Un nouveau partenaire, Eugène de Ménisson
B/ QUI EST EUGÈNE DE MÉNISSON ?
1°) Etat civil
2°) Fortune et moyens
C/ LES MOTIFS D’UNE L’ASSOCIATION
1°) Une amitié solide et durable
2°) Convergence d’intérêts dans le monde des forges et des forêts
3°) Complémentarité de compétences et de qualités personnelles
           


2ÈME CHAPITRE : LE CHARBON DE BOIS, GOULET D’ETRANGLEMENT OU IMPASSE ?

1°) Gérer les approvisionnements au plus près
2°) Le bois : une question toujours sensible
3°) Les Eaux et Forêts : contre le taillis et les forges ?
4°) Les Eaux et Forêts : faire payer le taillis
5°) Au Closmortier, comment répondre à la crise des prix ?

3ÈME CHAPITRE : ENTRE LE FIL DE FER ET LES FERS MARCHANDS

A/ LE FIL DE FER : UN DÉVELOPPEMENT MESURÉ
1°) La filerie trouve sa vitesse de croisière
2°) Développement ou stabilité ?
B/ CONVERSION AU FER À LA HOUILLE ?
1°) Deux forges anglaises à St-Dizier (1843-1845)
2°) La construction de la Forge des Lachats (Clos Mortier).

4ÈME CHAPITRE : LE DEVELOPPEMENT DE LA PRODUCTION DE FONTE

1°) Les améliorations et les limites techniques
2°) La question de la qualité de la fonte
3°) L’augmentation de la production par la multiplication des hauts-fourneaux construits ou loués
4°) Economie dans la préparation du minerai
5°) Economies d’énergie et progrès de rendement
6°) Le développement de la production unitaire

5ÈME CHAPITRE : LA FONTE BRUTE DEVIENT UN PRODUIT COMMERCIAL

1°) De 1823 à 1832, des marchés occasionnels
2°) Des fontes brutes, pour quoi faire ?
3°) Le développement des ventes en Champagne métallurgique (après 1833)
4°) La conquête du marché français (après 1833)

6ÈME CHAPITRE : JULES ROZET NOTABLE - DES DEBUTS INCERTAINS, A L’IMAGE DE SAINT-DIZIER

A/ HÉSITATIONS ET ENGAGEMENTS
1°) De la Restauration à la Monarchie de Juillet.
2°) Une ville au profil déséquilibré ….
3°) …. mais qui prend conscience d’incarner les intérêts de la Champagne métallurgique
4°) Jules Rozet : absent ?
B / DU RÔLE DE MAÎTRE DE FORGES À CELUI DE NOTABLE ?
1°) 1846-1847, pourquoi ?
2°) Un profil de société tenant compte des succès et échecs de la métallurgie en Haute-Marne
3°) Un projet mort-né : la Société Gény, Briquet & Cie (Décembre 1846 - Mars 1847)

TROISIEME PARTIE : L’ACCOMPLISSEMENT D’UN INDUSTRIEL ET D’UN NOTABLE (1847-1871)

1ER CHAPITRE : TRAVERSER LA CRISE (1847 – 1849)

I / AVOIR LE CHÔMAGE ET PERDRE LE CHEMIN DE FER
1°) Traiter le chômage par la voie ferrée

  1. Le développement du chômage à St-Dizier (1846-1848)
  2. La mairie : agir vite à cause des délits forestiers
  3. Comment lutter contre les délits forestiers ?

2°) Le chemin de fer : déceptions et retards
II / LE CLOS MORTIER : COMMENT GÉRER ET SURMONTER LA CRISE
1°) Les approvisionnements en bois : nouvelles épreuves de force
a) 1847 : front commun ou ordre dispersé
b) 1848 : baisse des prix
2°) L’aspect social de la crise métallurgique au Clos Mortier
3°) L’aspect économique de la crise au Clos Mortier : des effets limités

  1. Les fontes moulées
  2. Le retour temporaire des fers marchands au bois
  3. Fontes brutes : l’affermissement de la destination parisienne

4°) Les problèmes de trésorerie
5°) « Traverser la crise » ?
III / ACQUÉRIR ENFIN LE STATUT DE NOTABLE
1°) Du Libéralisme au Parti de l’Ordre ?
2°) Pour Louis-Napoléon et la Religion, mais avec réserve
3°) Président de la Chambre de Commerce (1848)

2EME CHAPITRE : SUCCES INDUSTRIELS ET COMMERCIAUX OCCASIONS ET REMISES EN CAUSE

I / LES CONDITIONS DE LA PÉRIODE
1°) Troisième vague de mutation dans la propriété forestière
2°) Le durcissement de la politique des Eaux et Forêts
3°) La filière au charbon de bois est-elle condamnée ?
4°) L’ouverture par les voies de communication

  1. L’abaissement des tarifs
  2. Une nouvelle géographie de la distribution ?

III / AU CLOS MORTIER, SUCCÈS DU FIL DE FER PUDDLÉ ET DE LA FONTE À REFONDRE
1°) Le fil de fer : du fer au bois au fer puddlé

  1. Mener le processus de fabrication au bois jusqu’à la dernière extrémité.
  2. Travailler avec les forges anglaises voisines

2°) L’essor des spécialités de fontes brutes

  1. Délimitation et signification de la période 1849 – 1859.
  2. Les conditions et les raisons du succès (1849 – 1854).
  3. La réussite commerciale des fontes de 2ème fusion et de moulage
  4. Le reflux (1854-1859)

3°) Les fontes moulées et les chemins de fer
4°) La cimenterie de Vitry-le-François
5°) Passer la main (1859)

3EME CHAPITRE : NOUVEAUX RAPPORTS TECHNIQUES ET SOCIAUX AVEC LA FORÊT ET LE BOIS

I / JULES ROZET, MAÎTRE DE FORGES : DEVENIR MARCHAND DE BOIS
1°) Maître de forges, marchand de bois : deux mondes différents, en principe

  1. Sous Jean-Hubert Rozet
  2. Jules Rozet : premières tentatives

2°) La conquête du marché parisien

  1. Le problème des sources
  2. La conquête de l’indépendance commerciale

3°) Un autre Age d’Or (1849-1854) ?

  1. Des acquisitions lourdes, ou comment se procurer de la futaie
  2. Organisation souple
  3. Du bois, pour quoi faire ?

II / LE NÉGOCE DU BOIS ET LA GESTION DES FORÊTS EN HAUTE-MARNE FACE AU DÉVELOPPEMENT DES TRANSPORTS (1848-1871)
1°) Les archives de la Chambre de Commerce et de la Ville de St-Dizier : une vision élargie.
2°) Une activité réellement lucrative
3°) Les effets du développement des voies de communication
4°) Un traitement révolutionnaire de la forêt ?
5°) Le maintien du taillis sous futaie
6°) De nouveaux rapport sociaux.


CONCLUSION : JULES ROZET, MAÎTRE DE FORGES, ENTREPRENEUR ET NÉGOCIANT
1°) Jules Rozet, un entrepreneur

  1. Propriétaire et exploitant
  2. Une stratégie d’entreprise déroutante mais commandée par le marché…
  3. …qui n’exclue pas la prudence.

2°) Jules Rozet, négociant et homme d’affaires ?
3°) Jules Rozet, un maître de forges représentatif ?
4°) Un artisan de la survie de la Haute-Marne métallurgique ?
5°) La fin des maîtres de forges ?

4EME CHAPITRE : JULES ROZET À LA CHAMBRE DE COMMERCE LA DEFENSE DE LA HAUTE-MARNE METALLURGIQUE

I/ LA HAUTE-MARNE ET LES VOIES DE COMMUNICATION, JUSQU’EN 1859
1°) La question des approvisionnements en charbon minéral
2°) Jusqu’en 1859 : priorité au chemin de fer et aux voies rayonnantes
3°) le choc de 1860 : priorité au canal et aux voies pénétrantes
II) DU CHARBON ET DES CANAUX : URGENCE, ESPOIRS ET DÉCONVENUES (1860-1866)
1°) Comment et où faire arriver le charbon ?
2°) La contre-attaque de la Compagnie de l’Est et la pénurie de charbons (1865-1866)
3°) Les problèmes techniques des canaux
4°) Derniers espoirs : le chemin de fer et le canal ?
III) LUTTER POUR SURVIVRE ?
1°) De l’apogée au gouffre ?
2°) Que faire : supplier l’Empereur ou passer dans l’opposition ? (1867-1870)

  1. La malencontreuse affaire des tarifs des minerais de fer (1867-1868).
  2. L’affaire du prolongement du Canal (1868).
  3. Boycotter, entrer dans l’opposition et espérer une Révolution ?

3°) La solution : ne compter que sur soi
4°) Jouer la carte de la forêt

  1. Premier projet, sans consistance et sans suite (1860).
  2. Nouvel échec : du bois de chauffage pour Paris.
  3. L’aboutissement : le « bois de mine » pour le Nord.

IV) LE RÉGIME DOUANIER : DE LA PROTECTION À L’OUVERTURE (1822-1862)
1°) L’abandon du régime protecteur
2°) La mise en place du nouveau régime et ses effets en Haute-Marne.

  1. 1848-1850 : Inquiétudes devant la remise en cause du régime protecteur.
  2. 1851-1855 : premières brèches dans le régime protecteur
  3. 1856 – 1859 : les effets des décrets de 1853 et 1855

3°) L’établissement du libre échange et du régime de l’Identique (1860-1862).

  1. Les difficultés haut-marnaises : des explications contradictoires (1860-62)
  2. Du régime de l’Identique à celui de l’Équivalent (1862)

V/ LA LUTTE CONTRE LE LIBRE-ÉCHANGE
1°) Obtenir les chiffres des admissions temporaires
2°) Dévoiler des abus sur les admissions temporaires
3°) La dénonciation des contradictions de l’argumentaire officiel
4°) Réfuter les reproches de routine
5°) Les Protectionnistes contre le « Cosmopolitisme »

CONCLUSION : UN NOTABLE VOUÉ À L’ÉCONOMIE DE SA RÉGION
1°) Notable local
2°) Les voies de communication : tardives mais utiles
3°) Le régime douanier : le danger des admissions temporaires

5EME CHAPITRE : UNE FIN DISCRETE

1°) Derniers moments, dans la défaite française.
2°) La fortune de Jules Rozet

  1. Montant et ventilation
  2. Fortunes de maîtres de forges et de marchands de bois
  3. La reconnaissance publique

3°) Les raisons du succès

  1. Le sens de la mesure et des réalités
  2. Tirer le meilleur parti de l’arrivée tardive des moyens de communication
  3. Établir des couples de forces et des champs de compétences

CONCLUSION GÉNÉRALE


LA CONTRIBUTION DE JULES ROZET ÀU PORTRAIT DE LA CHAMPAGNE MÉTALLURGIQUE
DES PAYSAGES INDUSTRIEL ET FORESTIER MARQUÉS PAR L’INCERTITUDE DU TEMPS
L’ACCUSATION DE ROUTINE
LES FACULTÉS DE RÉSISTANCE DE LA MÉTALLURGIE HAUT-MARNAISE
JULES ROZET : RESTERA-T-IL UN INCONNU ?
JULES ROZET, UN HOMME À REDÉCOUVRIR

 

SOURCES ET TRAVAUX


ARCHIVES
ARCHIVES PUBLIQUES
SOURCES PRIVÉES
TRAVAUX
HISTOIRE GÉNÉRALE
LA FORÊT ET L’INDUSTRIE MÉTALLURGIQUE FRANÇAISES (FIN XVIIIE-XIXE SIÈCLE)
LA FORÊT ET LA MÉTALLURGIE EN CHAMPAGNE MÉTALLURGIQUE (FIN XVIIIE-XIXE SIÈCLE)

 

Mots-clés : Sidérurgie, forêt, maîtres de forges, transport, politique.

Key-words : Siderurgy, forest, iron-master, transport, policy.