DD - DORE DORE

 

Une santé et une vieillesse protégées par DD


 

Parallèlement au souci de fixer son personnel, André Doré veille aussi sur sa santé. Il ouvre un dispensaire au sein de l’usine, fonde une caisse de retraites et de prévoyance, une mutuelle du personnel et se préoccupe des assurances sociales. Les ouvriers à domicile des ateliers de famille profitent aussi des avantages sociaux accordés au personnel des Grès.  La bonne santé du personnel ne peut que favoriser  la bonne marche de l’entreprise.

 

 

Accès aux soins

 

Un dispensaire, créé en 1929, assure gratuitement les pansements et soins à domicile. Il est desservi par deux médecins des localités proches de Fontaine-les-Grès. Il est ouvert pendant les heures de fermeture de l’usine, c’est-à-dire de 12 h à 13 h 30, et de 18 h 30 à 19 h 30. Deux infirmières visiteuses y sont attachées et assurent également le service des malades à domicile. Il accepte les malades ayant besoin de soins urgents, surveille, et au besoin, concourt à l’exécution des traitements et ordonnances prescrits aux malades externes. Ce dispensaire fonctionne également comme poste de secours, et à ce titre, y sont soignés tous les accidentés qu’ils fassent ou non partie de l’usine. On y trouve la pharmacie nécessaire pour faire face aux besoins immédiats. Il est doté, en outre, du matériel nécessaire pour soigner les malades, auxquels il est prêté sur demande.
Au dispensaire est annexé un cabinet dentaire où un dentiste vient donner les soins d’une façon régulière. Le personnel est autorisé à s’y rendre pendant les heures de travail.
Depuis 1926, pour le cas de transport de grands blessés ou de malades, l’entreprise  aménage une de ses voitures automobiles dont la transformation en ambulance peut se réaliser instantanément.
À partir de 1929, l’entreprise réserve d’une façon permanente, au sanatorium de Lay-Saint-Christophe (Meurthe-et-Moselle), un lit destiné à un malade de l’un ou l’autre sexe atteint de tuberculose pulmonaire et susceptible de bénéficier d’une cure sanatoriale. De 1929 à 1931, trois ouvriers  profitent des soins de ce sanatorium.

 

 

Secours mutuels et assurances sociales

 

À partir de 1921, l’entreprise Doré-Doré adhère à la Caisse de compensation créée par la Chambre syndicale de la bonneterie.
Les assurances sociales, lancées en 1930, apportant divers secours procurés depuis 1926 par la mutuelle “Amicale DD”, cette dernière se rend utile à ses adhérents - 300 en 1932 - sur d’autres points. Elle accorde aux sociétaires au moment du mariage une dot (7) de 500 à 1 000 francs, suivant le temps de présence (trois  à sept ans) et à  la naissance de chaque enfant,  une prime de 300 francs. Ces mesures favorisent la natalité. La mutuelle assure le paiement d’une indemnité égale à 25 % du total des frais entraînés par les opérations chirurgicales et, en cas de décès du sociétaire, de son conjoint ou d’un enfant de moins de 16 ans,  verse une indemnité de 500 francs. Tous ces avantages peuvent se cumuler, le cas échéant, avec les prestations des assurances sociales.
Les sociétaires de plus de 60 ans, n’étant pas inscrits aux assurances sociales, peuvent, en outre, recevoir une indemnité journalière de maladie pendant six mois. Le taux est fixé à  sept francs par jour ouvrable pendant les premier et deuxième mois, neuf  francs pendant les troisième et quatrième  mois, 12 francs pendant les cinquième  et sixième mois. Tous les sociétaires, quel que soit leur âge, peuvent obtenir des secours extraordinaires. Enfin, la mutuelle  adhère en bloc à la Société de santé de l’Aube afin de permettre à ses sociétaires et aux membres de leur famille des examens périodiques et complets - mis en place en 1933 - pour le dépistage des maladies.
Les ressources de la mutuelle se composent des cotisations versées par les sociétaires et la Maison Doré ; soit 7 francs par personne et par mois, et 23 francs pour les membres de plus de 60 ans. La moitié des cotisations seulement est acquittée par le personnel.
Indépendamment de ces avantages, la mutuelle décide en 1931 la création d’une Caisse primaire qui débute son activité en 1932 et groupe  600 assurés de l’entreprise. La fondation de cette caisse leur apporte plusieurs avantages.  D’abord, le paiement rapide des indemnités d’assurances sociales : il devient désormais inutile d’adresser à la Caisse interprofessionnelle ou à la Caisse départementale les imprimés d’assurances sociales et d’en attendre le règlement pendant plusieurs semaines. Elle permet le contrôle facile des malades, étant donné le nombre restreint des assurés relativement à celui des autres Caisses  du département, et par-là, la suppression des abus qui pourraient se produire chez les adhérents en vue d’obtenir des prestations. Elle offre aussi la possibilité de toucher une part des bénéfices de la Caisse dans le cas probable où celle-ci viendrait à en faire.
Le montant des allocations familiales versées en 1930 dépasse la somme de 162 000 francs, y compris celles payées au personnel à domicile. Elles sont accordées jusqu’en 1941 par les moyens propres de la maison à travers  la Caisse d’”Allocations DD”, au même taux que la Caisse de compensation de Troyes. Cette politique contribue à la hausse de la natalité dans la commune en donnant plus d’aisance aux familles nombreuses. En 1928, lors des enquêtes préparatoires à la construction de la nouvelle école de Fontaine-les-Grès, l’Inspecteur d’académie de l’Aube signale que les effectifs augmenteront  « certainement rapidement, surtout si l’on tient compte que les avantages pécuniaires accordés aux familles nombreuses attirent dans ce village des familles de 3, 4, 5 et 6 enfants » (8). L’organisation de cours de puériculture en 1930 et d’une consultation de nourrissons en 1932 y concourent aussi.
Le service social  de  l’usine répond aussi à toutes les questions posées par le personnel sur la loi des assurances sociales. Il donne  aux ouvrières à domicile, sur leur demande, tous les renseignements sur toutes les questions intéressant les droits ou les devoirs des assurés. « Au surplus, désireux de faciliter l’application de la loi, et d’en permettre le bénéfice à une catégorie digne d’intérêt, le service  remplit  les bulletins de déclarations de toutes les ouvrières à domicile, afin qu’aucune d’elles ne puisse, le cas échéant, être lésée, soit par ignorance, soit par négligence ».
Depuis 1926, la société Doré-Doré accorde au personnel, sans faire la moindre retenue sur ses salaires, une subvention annuelle, quand les intéressés ont 70 ans d’âge et accompli 35 ans de services. Le taux est de 1 800 francs par an pour les ouvriers de l’usine des Grès. Il augmente suivant l’ancienneté, pour donner, à 45 ans de services, 2 400 francs. Les ouvriers des ateliers dispersés reçoivent 1 440 francs, les ouvrières à domicile 720 francs. En 1930, la société  distribue ainsi  environ 30 000 francs. André Doré souhaite ne pas abandonner ses employés âgés tout en les rétribuant en fonction de leur dévouement à  l’entreprise (9).
En 1939, la Caisse primaire DD fusionne avec la Caisse interprofessionnelle de l’Aube et assure dès lors le lien entre celle ci et les assurés de la maison.
Concernant les cadres, exclus des assurances sociales jusqu’en 1946, Doré-Doré cotise en leur faveur auprès de la Caisse des Dépôts et Consignations à partir de 1930. L’entreprise verse chaque année une somme égale au montant déposé par chaque cadre auprès de cet organisme qui leur assure des prestations similaires à celles des assurances sociales.

 

 

Caisse de prévoyance

 

En 1926, pour faciliter et encourager l’épargne, à laquelle on prête des vertus moralisatrices, l’entreprise décide de créer une Caisse. Appelée aussi “Caisse DD”, elle réunit 150 personnes à ses débuts.
Employés et ouvriers peuvent effectuer des versements en compte courant. Il leur est délivré un carnet individuel portant un numéro d’ordre ; les mouvements de fonds y sont consignés. Pour assurer toute discrétion, les comptes sont centralisés  dans la comptabilité de l’usine sous leur numéro d’ordre, et seuls les deux employés chargés de ce service, connaissent le nom des personnes versant ou retirant de l’argent. L’entreprise accorde un intérêt de 4,5 % nets. Si l’avoir dépasse 5 000 francs, le taux est réduit à 3,5 % pour le surplus. En 1931, le montant total des versements faits depuis 1926  est de 2 000 000 de francs, les retraits se sont montés à 1 200 000 francs. L’avoir  s’élève  à 800 000 francs environ pour 104 titulaires de comptes. Le service financier de la maison donne au personnel tous les renseignements qu’il désire, et au besoin, les conseils pour l’achat de valeurs en bourse.
À partir de 1941, l’entreprise inscrit ses chefs de service à la Caisse Interprofessionnelle de Prévoyance des cadres.

 

 

 

 

(7) En 1936, l’ « Amicale DD » crée une « Caisse dotale » distincte, la législation interdisant désormais à la mutuelle de verser des dots à ses adhérents.
(8) Déjà, en 1841, son aïeul Jean-Baptiste Doré a fait profiter la commune de ses libéralités en échangeant, pour en faire une école plus grande et plus saine,  une habitation neuve lui appartenant contre la vieille maison d’école couverte de paille. Le sous-préfet de Nogent-sur-Seine « estime que l’avantage est incontestable pour la commune et que M. Doré dans cette circonstance s’est acquis des droits à la reconnaissance des habitants » (Arch. dép. Aube, 2 O 1518 et 1519, Fontaine-les-Grès, Mairie École).
(9) En 1952, Doré-Doré crée l’ « Allocation-retraite » puis le « Capital retraite DD » en 1954.

 

 

 

@SCEREN - CRDP de Champagne-Ardenne, 2011