DD - DORE DORE

 

Des loisirs organisés par DD

 

 

 

André Doré  se préoccupe aussi du temps libre de ses employés en leur proposant, dès les années 1920, des activités de loisirs beaucoup plus nombreuses que dans les autres entreprises. Il finance une salle des fêtes qui accueille un atelier théâtre, un cinéma, des cérémonies de remises de médailles du travail, des bals de société... et  un stade, une salle de gymnastique et des sections sportives. Il s’implique directement dans la gestion de ces activités qu’il maintient pendant la Dépression des années 1930, alors que ses confrères manifestent alors un désintérêt certain pour les loisirs de leurs employés. Peut-être a-t-il voulu préserver le moral de ses troupes en une période délicate.

 

 

Un foyer social

 

Les activités de loisirs, pratiquées depuis le milieu des années 1920 par les employés de l’entreprise DD au sein de sociétés indépendantes, sont progressivement regroupées dans un organisme chargé de les gérer.
Le Foyer Jeanne d’Arc, créé en 1926, se consacre à l’éducation populaire, au sport (football  et athlétisme - 1926, gymnastique et boulisme - 1929) et au théâtre. En 1930, il se sépare de sa section théâtre qui devient Société théâtrale, et change de nom pour celui de “Stade DD”. En 1932, les deux entités sont regroupées dans le “Foyer social  DD” dont le siège social est fixé à la Popote. Il regroupe les sections existantes et nouvelles :orchestre et chorale (1931), basket ball féminin et masculin (1932), tennis (1933), photographie (1935),  natation (1937), pêche à la ligne (1938).
Le Cercle, installé à la Popote, met à la disposition des habitués de nombreux quotidiens, journaux illustrés, journaux d’informations, revues littéraires, diverses publications, un billard, ainsi qu’un bon poste de TSF. L’usine participe pour 50 % dans les dépenses ; l’autre moitié de celles-ci est couverte par les petites recettes provenant de dons divers, de la location des volumes et des cotisations. Ces ressources permettent la  constitution d’une bibliothèque d’environ 400 volumes qui, en 1930, assure 753 prêts. Les membres du Cercle et leur famille peuvent consommer au Cercle des boissons hygiéniques.
Le Foyer social compte 300 membres en 1933. Les membres bienfaiteurs versent une cotisation de 20 francs, celle des adhérents dépend de la section à laquelle ils s’inscrivent. Chaque année, un repas festif est l’occasion de récapituler les activités menées et de rappeler  les objectifs de la société : contribution à l’amélioration de la vie création de lien d’amitié et de solidarité, éducation et récréation...

 

 

Une salle de spectacles

 

En 1920, André Doré fait construire le Magic-Ciné, salle de spectacles destinée à  récréer et à instruire son personnel. Elle possède une cabine cinématographique avec appareil professionnel permettant le passage des films. 

 

 

Le Magic Ciné, boulevard Doré
(Cl. J.-L. Humbert, octobre 2010)

 

Intérieur du Magic Ciné, décoré des initiales DD
(Cl. J.-L. Humbert, octobre 2010)

 

En 1933, l’entreprise fait édifier une salle des fêtes de grande capacité (350 places) avec une scène surélevée. Toutes les trois semaines, pendant la saison d’hiver, est donnée une séance récréative, théâtre, concert ou cinéma. Un arbre de Noël fait, chaque année depuis 1922, la joie des petits enfants, et les plus grands sont invités au concert de la galette des rois où l’on mange le gâteau des rois, et où le sort désigne un roi et une reine. Chaque événement important (anniversaires de l’entreprise, hommages à André Doré, fête du travail...) est l’occasion d’une “fête  de famille” facilitant les rapports entre les employés et leur patron.

 

 

Façade de la salle des fêtes Doré-Doré
(Cl. J.-L. Humbert, juin 2009)

 

Intérieur de la salle des fêtes Doré-Doré
(Cl. J.-L. Humbert, octobre 2010)

 

La salle sert aussi de cadre à la remise de distinctions honorifiques. En 1931, André Doré rappelle : « Nous avons déjà obtenu 78 médailles du travail pour notre personnel. Chaque remise de médailles se fait au cours d’une fête organisée par nos soins avec toute la solennité désirable. Nous profitons de ces occasions pour remettre également les médailles de la famille française obtenues par nos mères de famille ». L’entreprise honore  ainsi ses employés méritants  les plus anciens, moyen pour elle de les motiver et de s’assurer de leur fidélité.
La section théâtrale, montée en 1925 par les jeunes gens du personnel, utilise la salle pour ses séances. Pendant la période d’étude et de préparation d’une séance, la société Doré-Doré fait donner une pièce par une troupe d’artistes des principaux théâtres de Paris. Les jeunes filles de la pension Sainte-Marthe ont également une section théâtrale qui donne quelques séances récréatives. Hommes et femmes jouent ensemble à partir de 1932.

 

 

Un stade

 

En 1929, André Doré construit à Fontaine un  stade à son nom. En 1931, il précise : « Nous avons un terrain de sports d’une contenance de 120 ares. Les jeunes gens s’y livrent aux jeux divers de football, courses à pieds, lancement de poids, saut à la perche, etc. Tout à côté, nous avons fait construire un chalet dit “Chalet du Stade” (qui est en fait la maison abritant la Popote de 1919), immeuble qui comprend au rez-de-chaussée une salle de douches, des boxes de déshabillage ; au premier étage, le bureau de la section sportive. Le rez-de-chaussée comporte également un  logement pour le concierge chargé de l’entretien et de la surveillance des locaux.

 

 

Le stade André Doré (1929)
(Cl.  J.-L.  Humbert, juin 2009)

 

Le chalet du stade
(Cl. J.-L. Humbert, octobre 2010)

 

À proximité du terrain se trouve également un grand bâtiment aménagé en salle de gymnastique. Les douches sont distribuées gratuitement habituellement aux sportsmen après les exercices. En hiver, nous distribuons gratuitement boisson chaude après chaque match. En été, l’entraînement a lieu presque tous les soirs, en hiver deux fois par semaine, avec théories sur les sports pratiqués et sur la préparation militaire, en vue du brevet de préparation militaire élémentaire ».
Dans l’enceinte du stade, un petit champ de tir a été organisé pour tirer à la carabine. La société, fondée en 1930, comprend autant de  jeunes filles que de  jeunes gens. En 1931, un projet d’agrandissement est à l’étude.
Un jeu de boules est installé dans la cour de la Popote pour le personnel plus âgé. Il sert aussi de terrain d’entraînement de la Société des boulistes.  En 1931, quatre  jeux nouveaux sont aménagés au stade pour les concours et championnats de boules.
Un terrain de basket-ball, réservé à la section féminine, est agencé à la pension Sainte-Marthe en 1932. Les jeunes filles peuvent aussi prendre part à des séances de culture physique.
Les voitures automobiles qui assurent la liaison avec les façonniers de l’entreprise sont utilisées par les sections sportive et bouliste qui participent, presque chaque dimanche, à des concours ou championnats, et par la section théâtrale pour les séances récréatives données à l’extérieur.
En favorisant ces pratiques physiques, André Doré s’inscrit dans la continuité des courants patriotique et hygiéniste qui ont favorisé  l’émergence du sport comme spectacle et pratique de masse à  la Belle
Époque, courants qui, durant l’entre-deux-guerres, sont récupérés par les partis de droite. Les clubs sportifs qu’il soutient, s’ils favorisent l’hygiène des corps, servent aussi l’identification du personnel à l’entreprise et créent des liens de solidarité entre leurs membres.

 

 

Des vacances payées

 

À partir de 1929, tout le personnel, ouvrier ou employé, a droit à une semaine de vacances payées. Ceux qui ne souhaitent pas en  profiter  reçoivent une prime égale au salaire intégral d’une semaine de travail. L’absence maladie supérieure à deux  semaines entraîne la perte des vacances payées. En 1936, le personnel bénéficie des deux semaines de congés payés décidées par le gouvernement de Front populaire.

 

 

 

@SCEREN - CRDP de Champagne-Ardenne, 2011